Les animaux sauvages et la lutte contre le braconnage

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Les animaux sauvages et la lutte contre le braconnage

Quel est le bilan du braconnage dans le monde?

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Le braconnage est une pratique mondiale et une menace très sérieuse à la destruction du milieu naturel et à la disparition de variété biologique dont fait partie l’être humain. La Liste de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) précise que plus de 86 892 espèces d’animaux sauvages sont menacés d’extinction dont 775 sont éteints (IUCN Red List of Threatened Species).

1. La richesse des animaux sauvages en RDC

La RDC est l'un des pays les plus riches en biodiversité animale en Afrique dont quelques-unes ne sont présentes que dans ses régions. C'est le sens des termes espèces endémiques, autrement dit des espèces qu’on ne retrouve qu'en RDC. Il s'agit par exemple de l'Okapi, du Gorille des plaines de l'Est, de Bonobo, de Paon Congolais, de Rhinocéros blanc du nord, du faux-gavial ou faux-Crocodile. Son habitat naturel qui couvre la majorité d’espace du Bassin du Congo abrite une grande variété d'animaux sauvages, notamment des gorilles, des chimpanzés, des éléphants, des lions, des léopards, des buffles, des hippopotames, des crocodiles et de nombreuses espèces de primates. La RDC est également le foyer de nombreuses espèces d'oiseaux et de poissons.

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A cause d'une forte menace du braconnage armé et opéré par des réseaux criminels, les espèces endémiques sont en danger d'extinction. Autrement dit, leur nombre s'est considérablement réduit au fil du temps. Cependant, le Rhinocéros blanc du nord a été déclaré possiblement éteint depuis 2006, alors que sa population était estimée à 2,360 espèces en 1960 (Emslie and Brooks 199).

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Il est important d’agir pour la protection des animaux sauvages en RDC, car elle constitue une partie importante du Bassin du Congo. La disparition des animaux sauvages en RDC, contribuerait à la disparition de la forêt, à l’absence de la pluie, de sols fertiles, de l’oxygène, des protéines alimentaires, et à la désertification de la région de Bassin du Congo

2. Effet du braconnage

En RDC, les effets négatifs du braconnage sur la diversité animale et l’habitat naturel sont déjà très visibles. Selon la Liste de l’UICN (IUCN Red List of Threatened Species), l’ensemble de la RDC compte 6 172 espèces animales et 2 694 espèces de plante. Le bilan des animaux sauvages se présente comme suite : 705 espèces sont endémiques ; 9 espèces sont possiblement éteintes ; 729 espèces sont en baisse ; 4 203 espèces sont en situations inconnues, 93 espèces sont en augmentation. Le bilan des espèces de plantes se présente comme suite : 262 espèces sont endémiques, 28 espèces sont possiblement éteintes, 449 espèces sont en baisse, 903 espèces en situations inconnues et 15 espèces sont en augmentation. Selon le Fonds mondial pour la nature (WWF), environ 30 000 éléphants d'Afrique sont abattus chaque année pour leurs ivoires. Et le nombre d'éléphants de forêt a diminué de 60% en 10 ans dans le Bassin du Congo (Braconnage : la RDC contre-attaque | WWF France). Le commerce de l'ivoire est interdit par la législation congolaise et la Convention de la CITES, mais il reste très lucratif pour les réseaux criminels transnationaux impliqués dans d'autres trafics illicites.

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Plusieurs raisons peuvent donc justifier le recours au braconnage. Mais la plus fondamentale est le commerce illicite des animaux sauvages ou leurs produits :

  • Animaux vivants pour les expériences scientifiques et pour servir d’animal de compagnie dans les zoos privés ;
  • La chaire d’animaux sauvages pour la consommation luxueuse dans la cuisine spéciale
  • Ivoires, cornes de rhinocéros, écailles de pangolin, peaux et os d’autres animaux pour le marché d’art et d’esthétique en chine ou d’autres pays.

Nous avons déjà dit qu’à cause du braconnage, le rhinocéros blanc du nord a disparu de son habitat naturel, bien qu’une réintroduction du rhinocéros blanc du sud ait été récemment faite, en 2023 au Parc National de la Garamba. Aussi, deux animaux résidents en RDC sont déclarés éteints. Il s’agit du rhinocéros noir, éteint depuis 2011 et du guépard désiré comme animal de compagnie, qui est éteint dans les régions de la RDC (IUCN Red List of Threatened Species).

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Les 11 espèces possiblement éteintes dans les régions de la RDC, identifiées sur la Liste de l’UICN sont :

  1. Le rhinocéros blanc du nord
  2. Le poisson scie commun (pristis pristis)
  3. Poisson scie Tident (pristis pectinata)
  4. Le lycaon ou Chien sauvage de l’Afrique
  5. Le Valvatorbis mauritii un mollusque
  6. Le Pseudogibbula cara
  7. L’Ange de mer (Squatina oculata)
  8. L’Aspatharia droueti un mollusque
  9. L’Afrogyrorbis apertus un mollusque
  10. Le Melanoides agglutinans Escargot d’eau douce
  11. Le Gabbiella matadina

La population congolaise dont le nombre est estimé à plus de 80 millions, comprend plus de 43% habitants concentrés dans les villes (Pélissier, C., de Marcken, P., Cherel, E., et Mapilanga, J., 2018). Et une majorité des citadins se nourrit de la viande de brousse, très riche en protéine. En même temps, ils courent le risque de s’exposer aux maladies contaminées par les animaux sauvages comme le virus Ébola.

3. La chasse illégale et le commerce illicite des animaux sauvages

est à l’origine du braconnage intensif. Avant, un chasseur traditionnel ne pouvait chasser que pour se nourrir et nourrir sa famille. Il utilisait des méthodes traditionnelles à faible impact sur les animaux sauvages. Il pratiquait une chasse à base des pièges, des lances, des flèches. Les villages étaient moins peuplés. Ce qui signifie que la demande en viandes de brousse n’était pas si énorme. Cependant, actuellement avec des villes peuplées qu’il faut nourrir, la chasse et la consommation excessive de la viande de brousse deviennent des problèmes majeurs qui contribuent à la perte en vitesse de la biodiversité et de la destruction de la nature.

Qu’allons-nous manger dans l’avenir si nous épuisons tous les animaux sauvages ? ont-ils aussi besoin du temps pour se reproduire ?

Évidemment oui puisque les animaux sauvages ne sont pas élevés comme les animaux domestiques ! Mais avec la chasse illégale est non respectée des règles et méthodes ; les animaux sauvages n’ont même plus le temps de se reproduire, ni de grandir. Car, l’objectif qui est de nourrir les villes et le monde entier en vendant la viande de brousse, extermine les animaux sauvages que personne n’élève. Le rapport du Centre international de recherche forestière (CIFOR) signale qu’environ 6 millions de tonnes de viandes de brousse sont extraites du Bassin du Congo chaque année (10 choses que vous ne saviez pas sur la viande de brousse - CIFOR Forests News), sous l’insouciance totale des habitants.

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Actuellement, l’utilisation des armes à feu dans la chasse, comme le fusil calibre 12 ainsi que des armes de guerre, est généralisée dans l’ensemble des activités de la chasse. La pose de pièges constitués de fibres synthétiques est également très répandue. Les règles traditionnelles en matière d’accès aux territoires de chasse et de gestion de quota de chasse (nombre d’animaux sauvages autorisé à chasser) ne sont quasiment plus respectées. Le braconnage est devenu une activité qui s’opère par de grands réseaux criminels. Il s’associe même aux activités des blanchiment d’argent et de financement du terrorisme. Les groupes armés occupent les zones des aires protégées, et chassent les animaux sauvages pour financer leurs campagnes militaires. Et les écogardes qui sont chargés de surveiller les aires protégées en payent le prix. Beaucoup sont souvent tués. Selon le journal le monde, au parc national des Virunga, 21 écogardes ont été tués en une année (En RDC, 21 écogardes du parc des Virunga tués en 2020 (lemonde.fr)). Selon National Geographic, près de 600 écogardes sont morts en Afrique dans l’exercice de leurs activités entre 2009 et 2016. (Tout comprendre sur : le braconnage des animaux | National Geographic).

La chasse et le commerce illégal de la viande de brousse sont devenus des activités très rentables.

Avec près de 160 milliards d’euros de recettes générés chaque année, le braconnage occupe la quatrième place des activités illégales les plus lucratives au monde, juste derrière le trafic de la drogue, la contrefaçon et le trafic d’êtres humains (Lutter contre le braconnage et le commerce illégal d'animaux (wwf.be)).

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Mais qu’est-ce qu’on cherche dans l’animal sauvage et pour quelle raison ?

Nous l’avons déjà dit précédemment que le braconnage vise le commerce des spécimens d’animaux sauvages. C’est-à-dire ce commerce porte sur l’ensemble d’un animal sauvage vivant ou mort, ou sur une partie ou produit de l’animal sauvage.

Quelques exemples sur les animaux sauvages braconnées en RDC 

  • Le pangolin 

Le pangolin est braconné à la fois pour sa viande et pour ses écailles à partir desquelles on fabrique des bijoux. Ses écailles sont encore sollicitées dans la médecine chinoise pour ses vertus curatives, non démontrées scientifiquement. On rapporte que 100 000 d’entre eux disparaissent chaque année ( Braconnage : une des plus grandes menaces pour la biodiversité - Conservation Nature (conservation-nature.fr)).

  • L’éléphant 

L'éléphant est braconné surtout pour ses ivoires vendus dans le marché à un prix très élevé.

  • Le rhinocéros 

Le rhinocéros est intéressant au braconnage surtout pour sa corne. Durant la seule année 2015, les braconniers ont tué plus de 1 300 rhinocéros en Afrique. Alors qu’on estime possible l’extinction du rhinocéros blanc du nord de la RDC depuis 2006 ; le rhinocéros noir d’Afrique de l’Ouest a vu ses populations chuter de 96%, avant de s’éteindre définitivement en 2011 (Diceros bicornis ssp. longipes (Western Black Rhino) (iucnredlist.org)).

  • Le gorille 

Le gorille attire pour sa viande et certaines parties de son anatomie. Mais, Il se vend également vivant, comme animal de compagnie ou pour être placé dans des zoos privés ou clandestins. On estime son nombre à 600 espèces dans le monde.

  • Le faux-gavial ou crocodile à museau (ou faux-crocodile de la RDC) 

Le faux-gavial est fortement demandé pour sa viande.

  • Le bonobo 

Le bonobo est intéressé comme animal de compagnie et pour les études en médecine. Cependant, sa viande est souvent peu sollicitée.

  • Le paon congolais 

A cause de sa beauté ornementale, cet oiseau est très sollicité comme animal de compagnie ou pour être placé dans des zoos privés ou clandestins.

  • Le perroquet gris 

Le perroquet gris est très sollicité comme animal de compagnie, surtout à cause de son aptitude à parler.

  • Le chimpanzé 

Le chimpanzé est chassé pour sa viande. Mais, on le préfère aussi vivant pour servir d’animal de compagnie dans des zoos privés et clandestins.

  • L’okapi 

L'okapi attire le braconnage à cause de sa viande. Il est aussi sollicité comme animal dans les zoos privés ou clandestins. On estime son nombre à 5 000 espèces.

4. Mesures de lutte contre le braconnage et le commerce illégal des animaux sauvages

Afin de continuer à faire bénéficier à la population des services offerts par la diversité biologique ; l’autorité congolaise a mis en place trois cadres juridiques pour lutter contre la chasse illégale et le commerce illicite des animaux sauvages. Il s’agit d’un cadre juridique au niveau international, notamment la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (La Convention CITES) du 03 mars 1973. Et au niveau national il s’agit de la loi n°14/003 du 11 février 2014 relative à la conservation de la nature et la loi n° 82-002 du 28 mai 1982 portant Réglementation de la chasse.

A. Au niveau International, la Convention CITES

C’est un accord entre pays qui vise à garantir la conservation de la biodiversité. Cette convention compte 184 pays membres, y compris la RDC. La Convention CITES n’interdit pas le commerce d’animaux et plantes sauvages mais elle le réglemente pour préserver les animaux et plantes sauvages de notre planète et à en assurer une exploitation durable. Le commerce d’animaux et plantes sauvages n’est autorisé que dans la mesure où les ressources naturelles en assurent la pérennité.

Tout commerce international des animaux et plantes sauvages doit recevoir une autorisation de l’autorité chargé de l’organe de gestion CITES. C’est-ce qu’on appelle permis CITES. La Convention CITES comprend les Annexes I, II et III.

Dans l’Annexe I figure des espèces extrêmement menacées d’extinction dont le commerce est interdit sauf pour de raisons de recherche scientifique.

Dans l’Annexe II figure des espèces qui ne sont pas nécessairement menacées d'extinction, mais dont le commerce est contrôlé.

L’Annexe III couvre les espèces protégées dans un ou plusieurs pays membre qui demande(nt) ainsi l'aide à d’autres pour en contrôler le commerce.

B. Au niveau national

1. La loi relative à la conservation de la nature

Elle vise à protéger la diversité biologique, les habitats naturels, les ressources naturelles et le patrimoine culturel du pays. Elle remplace l'ordonnance-loi de 1969 qui était vieille et ne s’adaptait plus aux exigences des principes modernes de gestion durable des ressources biologiques et génétiques, ni des conventions internationales ratifiées par la RDC. La loi relative à la conservation de la nature organise : les modalités de création et de gestion des aires protégées (voir Les aires protégées en RDC), la réglementation de l'accès et de l'utilisation des ressources naturelles, la participation et le partage des bénéfices de la conservation avec les communautés locales, ainsi que les sanctions pénales relatives à la conservation de la nature.

  • Gestion : Actuellement, c’est l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) qui assure la gestion des aires protégées. La surveillance des aires protégées est assurée par un personnel exclusivement national. Il s’agit d’un « Ecogarde ». Ce personnel est armé. Il est chargé de rechercher tous les actes en violation de la loi relative à la conservation de la nature. Les sanctions contre les infractions vont des amendes aux peines de prison, en fonction de la gravité et de la répétition des infractions par un braconnier. Dans le cadre de la protection de la faune, cette loi distingue les animaux sauvages qui bénéficient d’une protection totale de la loi (espèces totalement protégées), ceux qui bénéficient d’une protection partielle de la loi (espèce partiellement protégée) et ceux qui n’ont encore aucune protection de la loi. Une Liste des espèces protégées et non protégées en RDC est prévue dans les Annexes de la loi portant réglementation de la chasse.
  • Mesures pénales : Pour toutes les catégories d’animaux sauvages protégés ou non par la loi : il est interdit de tuer, de blesser, de détruire, de capturer, de porter, de détenir tout spécimen d’animaux sauvages dans les Parcs nationaux, les réserves de faune, les réserves de biosphère. Une autre particularité de cette loi, c’est qu’elle interdit même l’introduction d’une arme à feu ou tout instrument de chasse dans les parcs nationaux, les réserves naturelles intégrales et les réserves de biosphère. En dehors de ces catégories d’aires protégées : parcs nationaux, réserves naturelles intégrales et réserves de biosphères ; il est interdit de tuer, de blesser, de détruire, de capturer, de porter, de détenir tout spécimens d’animaux sauvages totalement ou partiellement protégés.

2. La loi portant réglementation de la chasse

La loi portant réglementation de la chasse en RDC ne vise pas à interdire la chasse. Cette loi vise plutôt à concilier la gestion des animaux sauvages avec les besoins alimentaires des populations, notamment celles des milieux ruraux. Elle impose des limites à la chasse coutumière et fixe les conditions de l'exercice de la chasse, les types de permis de chasse, les produits de chasse, les sanctions pénales en cas de violation. Ainsi, le braconnier est celui qui viole cette loi. La loi portant réglementation de la chasse distingue également les animaux sauvages totalement protégés et les animaux sauvages partiellement protégés dont elle dresse une liste dans l’annexe. La loi sur la chasse est complétée par certains arrêtés qui déterminent les mesures d'exécution, les taux des droits, taxes et redevances à percevoir, les lieux et périodes de chasse, les instruments et procédés de chasse autorisée, etc.


La Liste des espèces animales totalement protégées et partiellement protégées a été actualisée en 2006 par l’Arrêté ministériel N°020/CABI MIN/ECN-EF/2006 du 20 mai 2006.

Saviez-vous ?

La Liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) (IUCN Red List of Threatened Species) est un indicateur très avantageux pour suivre l’état de la biodiversité dans le monde. Elle constitue l’inventaire mondial le plus complet de l’état de conservation global des espèces végétales et animales. Elle s’appuie sur une série de critères précis pour évaluer le risque d’extinction de milliers d’espèces et de sous-espèces.

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RÉSUMÉ

Nous notons que :

  • La pratique de la chasse illégale des animaux sauvages a considérablement évolué au fil du temps.
  • En passant, des pratiques traditionnelles de la chasse à la modernité jusqu’à l’usage d’armes de guerre, le braconnage entraîne des conséquences néfastes sur l'environnement, l'économie et la société.
  • Il réduit le nombre d’animaux sauvages (on constate la disparition des rhinocéros blanc du nord et noir de l’Afrique de l’ouest) et la capacité pour les espèces à se développer, il détruit l’habitat naturel, il perturbe les chaînes alimentaires et les cycles biogéochimiques, il favorise la propagation des maladies transmise de l’animal à l’être humain comme le virus Ébola, il entraîne des pertes économiques sur le bénéfices liés au tourisme et à l'écotourisme, et il alimente les conflits armés et le crime organisé, en tuant certains écogardes.
  • Pour lancer la lutte contre le braconnage en RDC, l’autorité congolaise a mis en place deux lois nationales, notamment la loi relative à la conservation de la nature du 11 février 2014 et la loi portant réglementation de la chasse du 28 mai 1982.
  • Une loi internationale, notamment la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) ratifiée pour réglementer le commerce des animaux sauvages afin d’éviter leur extermination.
  • Il est temps d’agir individuellement ou collectivement : en contribuant dans le renforcement de l’application de loi par la dénonciation du braconnage ; en réduisant la consommation de la viande de brousse en sensibilisant les autres sur les risques qu’ils ont pour la santé humaine et la destruction de l’environnement. Sinon, la nature va se dégrader et toutes les espèces de la diversité naturelle y compris l’être humain disparaîtront.