Les aires protégées en RDC

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Les aires protégées en RDC

La RDC est le pays le plus riche en diversité biologique sur le continent africain. Elle est couverte d’une variété des milieux naturels constituée de la forêt dense, des savanes, des zones humides, des montagnes et des volcans actifs.

I. C’est quoi une aire protégée

1. Définition de la loi

Aux termes de l’article 2 de la loi relative à la conservation de la nature, une aire protégée est un espace géographique, clairement défini, reconnu, consacré et géré par tout moyen efficace, juridique ou autre, afin d’assurer à long terme la conservation de la nature ainsi que les services des écosystèmes et les valeurs culturelles qui lui sont associées.

2. Définition simple

Une aire protégée est un habitat naturel destiné à la protection de la biodiversité ou des valeurs naturelles et culturelles. Il n’est donc pas nécessaire d’avoir la présence des animaux sauvages dans un espace naturel pour parler d’une aire protégée. Il y en a de plusieurs catégories.

3. Couverture des aires protégées dans l’espace territorial de la RDC

L’ensemble du territoire de la RDC compte aujourd’hui 78 aires protégées créées dans et en dehors des milieux naturels, soit 13,5% de la superficie du territoire national estimé à 32 348 045 hectares (Pélissier, C., de Marcken, P., Cherel, E., et Mapilanga, J., 2018). Les aires protégées créées dans les milieux naturels sont qualifiées d’aires protégées in situ et celles qui sont créées en dehors des milieux naturels sont qualifiées d’aires protégées ex situ. Il n’existe en RDC que 7 aires protégées ex situ, et toutes les autres sont des aires protégées in situ.

3. Motivations et objectifs de création des aires protégées en RDC

Les espèces de grands mammifères sont les cibles de conservation qui ont motivé la création de la plus grande partie d’aires protégées. Plus de 14 millions d’hectares, soit 44 % de la superficie d’espace des aires protégées, sont couverts par des zones créées spécialement pour la gestion de la chasse (Pélissier, C., de Marcken, P., Cherel, E., et Mapilanga, J., 2018). Les zones de chasse représentent environ 55 % du nombre total d’aires protégées.

5. Cas spéciaux des réserves naturelles intégrales

Les aires protégées à la catégorie des réserves naturelles intégrales, dont les huit parcs nationaux et la réserve de faune à Okapis, ont été créées en considération de leurs habitats naturels, de leurs valeurs exceptionnelles et de la diversité des espèces sauvages, même si très souvent ce sont les animaux sauvages qui ont joué un rôle de premier plan dans la définition de leur objectif de création. Ces aires protégées sont relativement peu nombreuses. Elles occupent 15 % du nombre total des aires protégées, mais elles sont de plus grande taille. Elles occupent 27 % de la superficie totale d’espace des aires protégées. Et elles répondent généralement à la catégorie II de l’UICN.

6. Les aires protégées pour la protection des arbres et plantes (flore) en RDC

Un nombre très restreint d’aires protégées vise à conserver prioritairement les plantes et les arbres (la flore). Les superficies qu’elles occupent sont très limitées (par exemple la Réserve intégrale de flore en territoire de Beni). 

7. Sites du patrimoine mondial de l’UNESCO

Les valeurs universelles exceptionnelles de chacune des aires protégées de la RDC ont conduit à la reconnaissance de certaines d’entre elles sur le plan international (Pélissier, C., de Marcken, P., Cherel, E., et Mapilanga, J., 2018). Cinq aires protégées sont inscrites sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. La Convention concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel (1972) défini en son article 2 un « patrimoine mondial » comme étant : les sites naturels ou les zones naturelles strictement délimitées, qui ont une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de la science, de la conservation ou de la beauté naturelle.

Ces 5 aires protégées sont : Le Parc national des Virunga, le Parc national de la Garamba, le Parc national de Kahuzi-Biega, Le Parc national de la Salonga et la Réserve de faune à Okapis.

A. Le Parc national des Virunga

Il a été créé par décret royal du 21 avril 1925. C’est le plus ancien parc national d'Afrique et il abrite une incroyable diversité d'espèces animales, dont les gorilles des montagnes. Situé dans la province du Nord-Kivu, le parc national des Virunga est caractérisé par une mosaïque d’habitats extraordinaires qui s’étendent sur sa superficie de 790 000 hectares. Sa valeur universelle exceptionnelle se démontre par la chaîne de volcans actifs et la richesse de sa diversité d’habitats qui surpasse celle de tout autre Parc africain. Les massifs spectaculaires des Rwenzori et des Virunga abritent les deux volcans les plus actifs d’Afrique : le Nyamuragira et le Nyiragongo. Il est classé sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1979. Et depuis 1994, il est classé sur la Liste du patrimoine mondial en péril, principalement en raison de la présence persistante de groupes armés dans la région, de l’intensification du braconnage et de la déforestation.

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B. Le Parc national de la Garamba

Il a été créé par décret royal du 17 mars 1938. Avec une superficie de 500 000 hectares, le parc national de la Garamba est situé dans la province de Haut-Uele. Il abrite les quatre plus grands mammifères terrestres du monde : l’éléphant, le rhinocéros blanc du nord, la girafe et l’hippopotame. Sa valeur universelle exceptionnelle se caractérise aussi par un nombre élevé de grands herbivores, grâce à la productivité végétale du milieu. Il est inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1980. Il a été inscrit sur la liste de patrimoine mondial en péril en 1984 et retiré en 1992. A cause de nouvelles menaces liées à l’intensification du braconnage et des pressions par suite de la guerre civile dans la région, le parc national de la Garamba a été nouvellement inscrit sur la Liste de patrimoine mondial en péril en 1996. Les pressions liées au braconnage ont réduit considérablement le nombre d’espèces de rhinocéros blanc du nord. Depuis 2006, cette espèce sauvage a été déclarée possiblement éteinte.

C. Le Parc national Kahuzi-Biega

Il a été créé par l’ordonnance n°70/316 du 30 novembre 1970 sur une superficie de 60 000 hectares, avant d’être prolongé à une superficie de 600 000 hectares par l’Ordonnance n°75/238 du 22 juillet 1975. Il est en grande partie situé dans la province du Sud-Kivu. Il abrite une flore et une faune d’une diversité exceptionnelle qui en font un des sites les plus importants de la vallée du Rift Albertin, et une des régions écologiquement les plus riches d’Afrique et au niveau mondial. Dans sa valeur universelle exceptionnelle, le Parc national de Kahuzi-Biega est un habitat pour la protection de la forêt tropicale humide et des gorilles des plaines de l’Est (Gorilla berengei graueri), sous-espèces endémiques de la RDC (en danger critique). Il est inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1980. Ce site est connu pour ses gorilles orientaux et fait face à un défi significatif avec l'exploitation minière artisanale illégale qui a entraîné une dégradation environnementale importante dans certaines parties du parc. Le braconnage intensif, les activités agricoles contribuant à la déforestation du site et les guerres civiles ont entraîné son inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril à partir de 1997.

D. Le Parc national de la Salonga

Il a été créé par l’ordonnance-loi n°70-318 du 30 novembre 1970. Il a une superficie de 3 334 600 hectares, et il est divisé en deux secteurs (Nord et Sud) par un corridor hors parc d’une quarantaine de kilomètres de large. Ce parc est la plus grande aire protégée de forêt dense humide du continent africain, le plus vaste parc du pays, la plus grande réserve mondiale de forêt tropicale humide en Afrique, et le second parc national au monde après celui de Wood Buffalo au Canada. A cause de sa grandeur, il se partage entre 3 provinces : Maï-Ndombe, Tshuapa et Kasaï. Sa valeur universelle exceptionnelle fait de lui un habitat de plusieurs espèces endémiques menacées, comme le chimpanzé nain (bonobo), le paon du Congo, l'éléphant de forêt et le gavial africain, ou « faux crocodile ». Il représente l'un des très rares biotopes absolument intacts existant encore en Afrique centrale. Il comporte en outre de vastes zones marécageuses et des galeries forestières pratiquement inaccessibles, qui n'ont jamais été explorées et qui peuvent donc être considérées comme pratiquement vierges. Il est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1984. Il a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial en péril en 1999. Cependant, en 2021, il a été retiré de cette liste par la suite de réduction de fortes menaces de braconnage et des conflits armés qui ont menacé son intégrité pendant plus de 10 ans.

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E. La Réserve de faune à Okapis

Il a été créée par arrêté ministériel n°045/CM/ECN/92 du 2 mai 1992. Elle a une superficie de 1 372 625 hectares et elle est située dans la province d’Ituri. Dans sa valeur universelle exceptionnelle, la réserve et la forêt font partie du bassin du fleuve Congo qui est un des plus grands systèmes de drainage d'Afrique. Son habitat naturel exceptionnel est caractérisé par des chutes sur l'Ituri et l'Epulu puis habité par des populations nomades traditionnelles de Pygmées Mbuti et de chasseurs Efe. La réserve abrite cette espèce unique appelée okapi. Il est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 1996. Le conflit armé qui s'était développé dans l'Est du pays au début de 1997 avait conduit au pillage et à l'abattage d'éléphants dans l'enceinte du site. On y signale également l'exploitation minière d'or. Ainsi, en 1997 il a été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en péril.

8. Site du patrimoine mondial en péril

La Liste du patrimoine mondial en péril est un mécanisme conçu pour mobiliser des actions urgentes afin d’assurer la conservation des aires protégées confrontées à de graves menaces. L’intensification du braconnage, la déforestation, les conflits armés, et l’exploitation minière sont des menaces réelles qui ont justifié le classement de certaines aires protégées en RDC dans Liste du patrimoine mondial en péril. Il y en a 4 : Le Parc national des Virunga, le Parc national de la Garamba, le Parc national de Kahuzi-Biega et la Réserve de faune à Okapis.

9. Site Ramsar

Quatre sites totalement ou en partis inclus dans les aires protégées sont inscrits sur la Liste des zones humides d’importance internationale.

1. Parc national de Mangroves
- Superficie administrative: 66,000
- Date d’inscription sur la liste des zones humides: 1996

2. Zones humides au Parc national des Virunga
- Superficie administrative: 800,000
- Date d’inscription sur la liste des zones humides: 1996

3. Ngiri-Tumba-Mai-Ndombe
- Superficie administrative: 6,569,624
- Date d’inscription sur la liste des zones humides: 2007

4. Bassin de la Lufira
- Superficie administrative: 4,487,593
- Date d’inscription sur la liste des zones humides: 2008

Note importante : La Convention sur les zones humides d'importance internationale, plus connue sous le nom de Convention de Ramsar, est un traité international qui prône la conservation et l'utilisation rationnelle des zones humides. C'est le seul traité mondial qui porte sur un seul écosystème.

10. Les aires protégées ex situ

Les aires protégées dites ex situ, contribuent à la conservation des espèces floristiques et fauniques hors de leur milieu naturel. On en compte que 7 jusque-là : 3 jardins botaniques, 3 jardins zoologiques et un jardin mixte (Jardin zoologique et botanique de Gbadolité).

11. Les réserve de biosphères reconnues par l’UNESCO

Ce sont des aires protégées créées pour la promotion du développement durable dans les efforts combinés entre les communautés locales et les scientifiques chercheurs. En RDC on trouve 3 Réserves de biosphère :

  • La Réserve de biosphère de Luki ;
  • La Réserve de biosphère de Yangambi
  • La Réserve de biosphère de Lufira

II. Autorités des aires protégées en RDC

L’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) est l’organisme public en charge de la gestion des aires protégées in et ex situ. Les réserves de biosphère sont les seules aires protégées in situ qui sont gérées par l’Institut national pour l’étude et la recherche agronomiques (INERA). Ces aires protégées dépendant du comité national MAB (Man and Biospher) du Ministère de l’Environnement et Développement Durable.

1. La loi sur les aires protégées

Les aires protégées en RDC trouvent leur fondement dans la Loi n°14/003 du 11 février 2014 relative à la conservation de la nature.

Cette loi distingue les catégories d’aires protégées selon leurs objectifs de conservation (article 31). Cependant, elles peuvent être classées en deux groupes :

  1. Les aires protégées où les activités humaines sont strictement contrôlées et limitées (Réserve naturelle intégrale, parcs nationaux, réserve de biosphère).
  2. Les aires protégées ou les activités humaines sont réglementées en fonctions des usages, des périodes ou des affectations relatives aux objectifs fixés (jardins zoologiques et botaniques, domaines et réserves de chasse, réserve forestière, monuments naturels, aire de gestion des habitats ou des espèces, paysages terrestres ou marins protégés ou tout autre catégorie de la loi).

2. Catégorie des aires protégées

Les catégories des aires protégées prévues par la loi relative à la conservation de la nature s’identifient à celles de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), à l’exception des jardins zoologiques et botaniques qui sont comme nous l’avions déjà dit des aires protégées ex situ :

  1. Réserve naturelle intégrale : espace de protection de la diversité des êtres vivants et des valeurs exceptionnelles ou habitats naturels où les activités humaines sont strictement contrôlées et limitées (Catégorie I/UICN).
  2. Parc national : vaste espace naturel qui sert à la protection d’un habitat naturel et sa diversité biologique en offrant des opportunité des loisirs dans les limites environnementales et culturelles (Catégorie II/UICN).
  3. Monument naturel : espace pour la protection d’un objet ou d’un élément naturel exceptionnel (Catégorie III/UICN).
  4. Aire de gestion des habitats ou des espèces : zones terrestres ou marines gérées pour la protection du milieu naturel et/ou des espèces particulières (Catégorie IV/UICN).
  5. Réserve de biosphère : aire protégée reconnue par l’UNESCO après sa création pour la promotion du développement durable dans les efforts combinés entre les communautés locales et les scientifiques (Catégorie I/UICN).
  6. Paysage terrestre ou marin protégé : zone qui sert à la protection d’un paysage terrestre ou marin présentant des aspects esthétiques naturelles (Catégorie V/UICN).
  7. Jardin zoologique : espace où sont conservés des animaux sauvages ou domestiques en captivités pour des raisons scientifique et touristique (Aire protégée ex situ)
  8. Jardin botanique : espace géré par l’Etat ou tout organisme privé pour protéger les espèces végétales collectées à des fins scientifiques et touristiques (Aire protégée ex situ)
  9. Domaine et réserve de chasse : espace où la chasse est autorisée mais réglementée (Catégorie VI/UICN).
  10. Toute autre catégorie que des lois particulières et règlements désignent comme telles en vue de la conservation des espèces de faune et de flore, du sol, des eaux, des montagnes ou d’autres habitats naturels.

3. Création des aires protégées

Une aire protégée dont les avantages sont du niveau national est créée par le premier ministre, et celle dont les avantages sont du niveau provincial ou local est créée par un gouverneur de la province.

La création d’une aire protégée est soumise à 3 étapes très importantes et obligatoires :

  • Une enquête publique préalable ;
  • Une étude d’impact environnemental et social
  • Un plan de gestion approuvé conformément à la loi

Ces 3 étapes sont importantes pour : informer à la population sur ce projet de création ; recueillir toutes les informations sur le milieu naturel ; déterminer comment les occupants précédents pourront être indemnisés et recueillir les avis de la population sur le projet.

4. Gestion des aires protégées

Les aires protégées sont gérées au niveau national par un organisme public créé par le premier ministre, et au niveau provincial ou local par un organisme public créé par le gouverneur de province. Actuellement, la gestion des aires protégées est confiée à l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN), à l’exception faite pour les cas des réserves de biosphère. La loi prévoit aussi que : l’organisme public chargé de la gestion des aires protégées peut signer des accords de partenariat public privé avec une personne physique ou privée pour la gestion d’une aire protégée (article 23). Cet accord doit être signé pour un délai ne dépassant pas 25 ans renouvelables (article 24). C’est le cas par exemple de la gestion du Parc national des Virunga cogéré entre l’ICCN et la Fondation Virunga.

6. Surveillance des aires protégées par des écogardes

La surveillance des aires protégées est assurée par un personnel exclusivement national. Il s’agit d’un « écogarde ».

Les écogardes sont armés et ne peuvent faire usage de leurs armes qu’en cas de légitime défense (conformément à la loi). Ils sont revêtus d’un uniforme et des insignes qui les distinguent en grade et en fonction.

Le grade le plus élevé d’un écogarde commence par « conservateur ». Et le grade le plus bas est celui de « première classe ».

Tous les écogardes sont sous l’autorité du Directeur général de l’ICCN.

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Saviez-vous ?

  • L’écogarde n’est pas membre des Forces armées de la RDC. Ainsi, sa mission n’est pas de défendre le territoire national contre une attaque ou une menace armée.
  • L’écogarde n’est pas membre de la Police nationale. Ainsi, sa mission n’est pas d’assurer la sécurité des personnes et de leurs biens.
  • L’écogarde ne fait pas la politique. Il est apolitique. Voilà pourquoi la loi relative à la conservation de la nature précise qu’en temps de paix ou des conflits armés, l’écogarde bénéficie d’un statut de non-belligérance (article 42) et les aires protégées bénéficient de statut de neutralité (article 44).
  • A cause des statuts de non-belligérance des écogardes et de neutralité des aires protégées, les écogardes, les espaces d’aires protégées ainsi que les objets qui y sont contenus ne peuvent pas faire objet d’une attaque ou d’une cible militaire.
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7. Les infractions relatives à la conservation de la nature

Elles s’appliquent généralement sur les animaux sauvages (faune) et sur les plantes et arbres (flores). Elles sont punies d’une peine d’emprisonnement allant de 1 mois à 12 ans et d’une amende allant de 100 000 francs congolais à 100 000 000 de francs congolais. Ces sanctions peuvent être combinées avec celles d’autres lois comme le code pénal militaire, le code pénal ordinaire. Autrement dit, un braconnier peut aussi être poursuivi pour détention illégale d’une arme de guerre dans le cas où il l’aurait utilisé pour chasser (code pénal militaire). Il peut aussi être poursuivi pour corruption dans le cas où il aurait corrompu un agent (de l’ICCN) pour chasser illégalement (code pénal ordinaire congolais).

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8. Animaux sauvages cibles de la protection de la loi

Pendant la mission de surveillance, les écogardes sont à la recherche des infractions relatives à la conservation de la nature. Leurs missions de protection concernent particulièrement les espèces suivantes :

  • les mammifères,
  • les oiseaux,
  • les reptiles,
  • les amphibiens,
  • les poissons
  • et les invertébrés considérés menacés d’extinction ou susceptibles de l’être en RDC.
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En matière des animaux sauvages, la loi interdit de :

  • introduire une arme à feu ou tout autre instrument de chasse dans les réserves naturelles intégrales, les parcs nationaux et les réserves de biosphère ;
  • prélever, chasser, pêcher, capturer, harceler ou tuer délibérément des animaux sauvages protégés ;
  • perturber intentionnellement ces animaux, notamment durant la période de reproduction, de dépendance, d’hibernation ou de migration ;
  • détruire, endommager, enlever, ramasser les œufs de ces espèces ou en modifier la position ;
  • détériorer ou détruire les sites de reproduction, les aires de repos ou tout habitat naturel où vivent ces animaux à un des stades de leur cycle biologique ;
  • détenir, transporter, échanger, vendre ou acheter, offrir ou céder à titre gratuit les spécimens ou toute partie de ces animaux prélevées dans la nature ;
  • détenir, céder, vendre, acheter ou transporter tout produit dont l’emballage ou la publicité annonce contenir des spécimens appartenant à l’un des animaux protégés ;
  • exposer dans les lieux publics ces spécimens

En matière des plantes et arbres sauvages, la loi interdit de :

  • couper, déraciner ou détruire intentionnellement des spécimens des espèces de flore menacées dans la nature ;
  • détenir, transporter, vendre ou acheter des spécimens de ces espèces de flore prélevées dans la nature; détériorer ou détruire intentionnellement les habitats dans lesquels la présence de ces espèces de flore est établie.
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Note importante : En dehors des aires protégées autres que celles des catégories de réserve naturelle intégrale, parc national et réserve de biosphère ; les infractions relatives à la faune et la flore sauvage ne sont poursuivables que pour les espèces qui sont déclarées totalement ou partiellement protégées par la loi (voir Les animaux sauvage en RDC).

10. La surveillance des aires protégées par des personnes autres que les écogardes

La loi prévoit aussi que les éléments de la police nationale et des forces armées appuient les écogardes dans la surveillance des aires protégées (article 41). Cette nécessité serait la justifiée au fait que les écogardes font souvent face à des braconniers fortement armés pendant l’accomplissement de leurs missions. Cette situation dépasse souvent leurs compétences et leurs forces, qu’ils sont appelés à solliciter un appui militaire ou policier. Certains parmi les écogardes meurent dans ce genre de situation.

11. Nouvelle structure pour la sécurisation de certaines aires protégées identifiées 

Le Corps chargé de la sécurisation des parcs nationaux et réserves naturelles apparentées ou le CorPPN

L’intensification du braconnage sur les animaux sauvages par des « braconniers nationaux, étrangers ainsi que des bandes et groupes armés » a conduit à la création au sein de l’ICCN, d’un Corps chargé de la sécurisation des parcs nationaux et réserves naturelles apparentées ou le CorPPN, en date du 15 juin 2015. 

Mission du CorPPN

Le CorPPN a pour mission d’assurer la protection de la faune (animaux sauvages), de la flore (arbres et plantes) et des écosystèmes (milieux naturels) dans les aires protégées bien identifiées, notamment par la lutte contre le braconnage et toute autre criminalité sur les espèces sauvages.

Gestion et coordination du CorPPN

Le CorPPN est coordonné et géré par le Directeur général de l’ICCN.

Commandement du CorPPN

Le CorPPN est placé sous le commandement d’un Officier Général des Forces Armées ou de la Police nationale actif ou en retraite.

Sites de détachement du CorPPN

Les aires protégées où le CorPPN est désigné à accomplir sa mission sont généralement celles qui son menacées par la présence des groupes armés. C’est ce qu’on appelle « parcs nationaux et réserves naturelles apparentées ». Il s’agit :

  1. Parc national de la Garamba
  2. Parc national des Virunga
  3. Parc national de la Salonga
  4. Parc national de Kahuzi-Biega
  5. Réserve de faune à Okapis
  6. Parc national de la Maiko
  7. Parc national de Kundelungu
  8. Parc national de Upemba
  9. Parc national de la Lomami

Les membres du CorPPN sont composés des :

  • Eléments des Forces armées ; de la Police nationales ou des Services spécialisés détachés
  • Conservateurs des aires protégées identifiées dans le cadre de la mission du CorPPN
  • Ecogardes ayant été sélectionnés conformément aux critères d’aptitude physique et intellectuelle prévu par le statut spécifique du CorPPN
  • Volontaires recrutés conformément au statut spécifique du CorPPN.

La particularité des membres du CorPPN

Différemment des écogardes est qu’ils sont appelés à utiliser leurs armes à feu pour se défendre et pour attaquer. L’article 17 du Décret n°15/012 du 15 juin 2015 précise que : « Dans l’exercice de leurs fonctions, les membres du CorPPN peuvent faire usage des armes à feu, lorsque la violence ou les voies de fait sont exercées contre eux-mêmes et pour les besoins de la protection des parcs et réserves naturelles apparentées et leur patrimoine ».

Au dernier paragraphe de la première page de ce texte juridique, il a été dit que : le CorPPN est une « force devant assurer notamment la protection des parcs nationaux et réserves naturelles apparentées et combattre efficacement le braconnage intensif de la faune… »

RÉSUMÉ

Notons que :

  • selon la Loi n°14/003 du 11 février 2014 relative à la conservation de la nature, les aires protégées sont des espaces géographiques ou naturels créés par le premier ministre au niveau national et par le gouverneur de province au niveau provincial ou local, puis gérés dans le but de conserver un milieu naturel, des valeurs naturelles, des diversités animales ou végétales ou un objet naturel exceptionnel.
  • La création d’une aire protégée ne nécessite donc pas l’existence des animaux sauvages. Ainsi, il existe plusieurs catégories d’aires protégées : les réserves naturelles intégrales, les parcs nationaux, les réserves de biosphères ; les monuments naturels, les aires de gestion des habitats et des espaces, les paysages terrestres ou marins protégés, les jardins zoologiques et botaniques, les domaines de chasse et tout autre catégorie d’aire protégée destinée à la conservation de la nature.
  • Actuellement les aires protégées sont gérées par l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ou l’ICCN). Sauf, pour le cas particulier des réserves de biosphère qui sont gérées par l’Institut national pour l’étude et la recherche agronomiques (ou INERA).
  • La surveillance des aires protégées est assurée par des écogardes qui sont armés. Ils recherchent les infractions relatives à la conservation de la nature. Ils sont appelés à n’utiliser leurs armes que conformément à la loi, pendant leur mission. Ils sont apolitiques et bénéficient d’un statut de non-belligérance. C’est-à-dire en temps de paix comme de guerre, les écogardes ne peuvent pas faire partie d’une cible militaire ou d’un membre de partie aux conflits armés. Il en est de même des aires protégées, elles ne peuvent faire objet d’une cible militaire. Les aires protégées bénéficient du statut de neutralité. Cependant, pour besoin d’efficacité la loi prévoit aussi que les éléments de la police nationale et des forces armées viennent en appui aux écogardes dans leur mission de surveillance des aires protégées. A cause de l’intensification du braconnage et de l’installation des groupes armés dans certaines aires protégées, le premier ministre a créé en 2015, un Corps chargé de la protection des parcs nationaux et réserves naturelles apparentées (ou le CorPPN).
  • Le CorPPN est censé combattre le braconnage dans sa dimension intensive qui dépasse la compétence des écogardes. Sa mission est dirigée dans des aires protégées bien ciblées qui sont : Parc national de la Garamba, Parc national des Virunga, Parc national de la Salonga, Parc national de Kahuzi-Biega Réserve de faune à Okapis Parc national de la Maiko Parc national de Kundelungu Parc national de Upemba Parc national de la Lomami.